La soirée du 21 avril dernier organisée par le Club Lamartine est à marquer d'une pierre blanche. Ce fut la révélation d'un Antoine Vitkine, maître de son sujet - personne n’en doutait - mais plus encore, la délivrance d’une parole mesurée et argumentée. Sur une telle étude, rien ne serait pire qu’une vérité établie sans perspective de débat.

Si le documentaire d’Antoine Vitkine est intéressant, son livre l’est davantage. Il permet évidemment d’aller au fond d’un thème peu traité par les historiens, ce que ne saurait envisager un film d’une cinquantaine de minutes. L’histoire du livre Mein Kampf y est décrite avec une minutie haletante, emportant au passage le lecteur dans un tourbillon nauséeux. Oui nauséeux, car l’histoire de ce livre de 800 pages rédigé en 1924 par ce très médiocre auteur qu’était Hitler nous fait prendre conscience d’une réalité trop souvent oubliée à l’heure de l’envahissement quotidien de l’image et des sons : la force des mots.

Car l’inquiétude qui rôde à la lecture du livre de Vitkine est légitime :l’influence possible des mots nous rappelle à son mauvais souvenir. En ce début de vingt et unième siècle, nous avons oublié à quel point les mots peuvent devenir le creuset du meurtre et de l’holocauste. 

En complément, on se reportera utilement à cette critique de Pierre Assouline sur son blog, la République des livres.

Mein Kampf, histoire d’un livre, d’Antoine Vitkine. Editions Flammarion.